86
Anti-Schwarzer Rassismus
|
Racismeanti-Noir
|
Il razzismo contro i Neri
Arbeit undPrivatleben: dieTückendes Alltags
Travail et vieprivée : des embûches auquotidien
Lavoro e vitaprivata: insidiequotidiane
TANGRAM 33
|
6/2014
|
Jules Bagalwa et Claudio Bolzman | Accès à l’emploi qualifié: difficultés rencon-trées par les diplômés d’origine africaine
pour les Africains, les modalités d’accès au
marchédu travail sont passées des procédures
officielles, impersonnelles et directes des an-
nées 80, à des modes de fonctionnement ac-
tuels, plus informels et indirects, nécessitant
un important investissement des liens inter-
personnels. Aussi, en plus des savoir-faire, le
capital social des chercheurs d’emploi est for-
tementmobilisépour accéder à l’information,
dépasser le premier tri de dossiers, décrocher
un rendez-vous, susciter de
l’intérêt, etc.
Ainsi, l’investissement des
espaces de rencontres de la
société d’accueil occupe une
partie non négligeable de
l’activité de recherche d’em-
ploi des diplômés africains.
La pratique du réseautage
concerne aussi ceux qui ont
déjà du travail, car leur stabi-
litéou avancement en emploi
pourraient en dépendre. Le
capital social stratégiquemixe
pêle-mêle des amis, d’anciens
collègues de travail ou des
personnes rencontrées dans lemonde profes-
sionnel, d’anciens condisciples, des membres
de groupements citoyens, des élus, des res-
ponsables de milieux institutionnels ou asso-
ciatifs, etc. Leparrainage est présenté comme
une aide face aux discriminations subies par
les travailleurs africains, même si aucune ga-
rantiede réussitenepeut êtredonnée.
M. estfierd’avoirunvolumineux carnetde
connaissances jusqu’au sommet de l’Etat en
Suisse, connaissances qu’il s’est patiemment
faites depuis une quinzaine d’années, grâce
à un travail avec des milieux officiels sur des
questions d’intégration. Il se désole enmême
temps de voir que celles-ci n’acceptent pas
facilement de recommander ses candidatures,
Il apparait que ces longues procédures ont
pour effet d’une part de geler les diplômes
détenus: lespersonnes concernéesnepeuvent
postuler que pour des emplois non qualifiés
et temporaires; ellesnepeuvent, d’autrepart,
pas entreprendre des formations pour entre-
tenir leurs connaissances ou se réorienter pro-
fessionnellement. La procédure les disqualifie
également par sa durée: une fois revenus sur
lemarché, les requérants dudroit d’asile sont
évidemment plus âgés et tou-
jours sans expérienceutile; du
reste, ils sontprécipitéspar les
institutions d’aide sociale vers
l’autonomie financière. Aussi,
viser des emplois qualifiés ou
même semi-qualifiés dans le
domaine de leur formation
universitaire devient problé-
matique. Hormis d’éventuels
stages en entreprise, leur
seule issue est de cibler des
emplois non qualifiés afin de
gagner rapidement leur vie.
Même dans ce cas, avoir fait
des études universitaires les
poursuit comme un handicap,
car faisant reculer certains employeurs à la
recherche d’ouvriers expérimentés. Comme le
dit ce responsable des formations et appren-
tissages dans une entreprise vaudoise: «Si la
personne a en plus un diplôme qualifié, la
précarité de son statut peut être un frein à
son engagement, car le risque devient trop
grand de voir la personne quitter le poste où
ellepourrait êtreengagée» (H).
Transformations dumarchéde l’emploi
et importancedes réseaux sociaux
Les modes d’accès à l’emploi ont connu
une profondemutationdurant les années 90,
suite à la transformation de la conjoncture
économique mondiale. Les diplômés arrivés
en Suisseavant cettepériode remarquent que
Avoir fait des
études universitaires
les poursuit comme
unhandicap, car
faisant reculer
certains employeurs
à la recherche
d’ouvriers
expérimentés.