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VorgehengegenHassreden im Internet
Agir contre les discours dehaine sur Internet
Agire contro l’istigazioneall’odio in Internet
TANGRAM 35
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6/2015
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Joëlle Scacchi | «Beaucoup de jeunes se sentent très seuls quand ils sont discriminés»
J’ai aussi participé au forum
No Hate
Speech
en Azerbaïdjan, qui a réuni 250 per-
sonnes actives dans la campagne. Je me suis
retrouvé modérateur d’un groupe qui devait
débattre des droits des personnes LGBT et
j’ai pu me rendre compte à quel point les
sensibilités pouvaient être différentes selon
les pays. Nous devions nous mettre d’accord,
mais c’était difficile et chacundevait fairedes
concessions. Il y a encore des sujets qui sont
particulièrement difficiles.
Quand ça devient concret, les choses se
compliquent…
Oui, pour toute forme de discrimination,
les principes sont souvent faciles à accepter,
mais c’est dans la pratique que les difficultés
surgissent. On veut bien en théorie accep-
ter toutes les religions, mais la construction
de lieux de culte est moins évidente à faire
passer et les discussions sont nécessaires. Les
jeunesne sontpasungroupe idyllique, prêtsà
fairepasser les droits de l’hommeavant toute
chose sans discussions. Ils sont le reflet de la
sociétédans laquelle ils vivent, très imprégnés
de leur éducation, de leur vécu. Pour mobili-
ser et informer les jeunes, il reste beaucoup à
faire.
Y a-t-il eu un événement personnel qui
vous apousséà vous engager?
Je suis actif dans lemouvement syndical et
j’ai toujours été très sensible à la lutte contre
les discriminations envers les femmes ou en-
vers leshomosexuels. J’ai faitunapprentissage
de cuisiner à 16 ans et très tôt été confronté
à l’injustice. Notamment par rapport à mes
collègues étrangers, méprisés et sous-payés.
J’ai réalisé le déracinement et l’effort qu’ils
devaient faire pour faire un travail mal rému-
néré, peu considéré. J’ai appris à les connaître
et j’ai été très admiratif. J’ai réalisé qu’on ne
pouvait pas se fermer aux autres, car il y avait
tellement à apprendre de leur situation. C’est
Roman Helfer s’est engagé dans la cam-
pagne
No Hate Speech
(Non aux discours de
haine)duConseil de l’Europeauniveau suisse
et européen. A21ans, il est déjà conscient de
l’importance mais également des difficultés
que représente la lutte contre les discrimi-
nations. Il nous livre ici lesmoments forts de
sonexpérience. Rencontreavecun jeunemili-
tant déterminéà faireprogresser la causedes
droits humains.
Quelle était le principal défi de la cam-
pagne contre les discours de haine en ligne
NoHate Speech?
La difficulté mais aussi le principal intérêt
de cette campagne était de pouvoir réunir
tous les types de discrimination dans un seul
projet, qu’il s’agisse de discriminations liées
à l’origine, à la couleur de peau, au genre,
à l’orientation sexuelle, ou autre. On a eu la
chancede travailler avecdenombreusesorga-
nisations très bien structurées, très spéciali-
sées dans undomaine particulier et le but est
de continuer à collaborer sur la thématique
communedes discours dehaine sur Internet.
En tant que délégué européen pour le
Conseil suisse des activités de jeunesse, le
CSAJ, quel était votre rôle?
J’ai représenté le CSAJ, qui a coordonné
la campagne en Suisse, lors de plusieurs ren-
contresauniveau international.Auniveauper-
sonnel, c’était très enrichissant. En avril 2014
j’ai notamment participé à une rencontre des
coordinateurs de la campagne àBruxelles.
«Beaucoupde jeunes se sentent très seuls
quand ils sont discriminés»
Propos recueillis par Joëlle Scacchi
©CFR