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VorgehengegenHassreden im Internet
Agir contre les discours dehaine sur Internet
Agire contro l’istigazioneall’odio in Internet
Joëlle Scacchi | «Beaucoup de jeunes se sentent très seuls quand ils sont discriminés»
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6/2015
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TANGRAM35
nous poursuivre tous les jours si on a le mal-
heur d’endevenir la cible. Lapersonnequi est
seule dans sa chambre, même si le téléphone
mobile et l’ordinateur sont éteints, continue
d’être la cible des discours de haine car son
profil Facebook continue d’être actif. On ne
saitpas commentgérer cette situationni com-
ment réagir.
Undesbutsde la campagne
était de promouvoir unemeil-
leure utilisation d’Internet.
Quels sont les recommanda-
tions à ce sujet?
Généralement, une per-
sonne se fait agresser par un
ou deux agresseurs. La société
dans son ensemble n’est pas
agressive. Avec les réseaux
sociaux, le fait de ne pas dé-
fendre la personne victime
fait des autres utilisateurs des complices.
Pour montrer son désaccord, ça demande un
effort supplémentaire, car sur Facebook par
exemple, il n’existeaucun symboleprévu. Seul
le symbole«like»existe.
Il faut des lois pour protéger l’agressé,mais
il faut aussi mobiliser la masse silencieuse, la
pousser àagir et la responsabiliser. Si unagres-
seur se retrouve faceàunevictimeentouréeet
soutenue pas unemasse d’autres personnes, il
ne va pas continuer. L’agresseur cherche avant
tout à faire lebuzz, à faire lemalin, à sevalori-
ser,mais s’il remarquequ’il n’estni suivi ni sou-
tenu, ilarrête.Onne retireaucunegloireàêtre
raciste, xénophobeouhomophobe.
Cette campagne est pertinente dans le
sens où elle mobilise les personnes passives.
On n’arrivera certainement pas à changer
l’agresseur, mais, par contre, on peut le faire
taire si on mobilise d’autres personnes qui
s’opposent à lui.
cette expérience humaine qui m’a ouvert les
yeux et rendu sensible à la valeur des gens,
quel que soit leur origineou leur statut social.
Plus tard, j’ai fait une maturité commer-
ciale et réalisé à quel point on pouvait juger
les autres selon leniveaud’éducation.
Qu’est-cequi touche leplus
les jeunes?
Cen’estpas lesgrandsprin-
cipes debases ni la théoriequi
permet de toucher les jeunes.
Les jeunesdoiventpouvoir res-
sentir les choses, échanger, se
questionner. Je crois beaucoup
à l’éducation participative. Il
faut la liberté et l’espace pour
exprimer leurs réalités.
Sur le site européen de la
campagne, une plate-forme permet de signa-
ler des agressions verbales. A-t-elle été beau-
couputilisée?
A l’échelleeuropéenne, çaa très bienmar-
ché – malheureusement! Il y a eu beaucoup
de signalements sur cette plate-forme.Mais à
ma connaissance, il n’y a eu aucune ou très
peu de conséquences juridiques. La plate-
forme informe sur les mesures qui peuvent
être prises, par exemple une plainte pénale
dans certains cas ou le signalement à Face-
book, qui vaut toujours la peine. Même si
en réalité c’est souvent sans résultats, j’en ai
fait personnellement l’expérience. Les conte-
nus que j’ai signalés n’ont jamais été suppri-
més et pourtant c’était des contenus graves
et clairement inacceptables. Il ne faut pas se
décourager et continuer sur cette voie. Signa-
ler pour combattre mais aussi signaler pour
exister et faire partie d’un réseau. Beaucoup
de jeunes se sentent très seuls quand ils sont
discriminés. Les discours de haine sur Internet
ont la particularité de ne jamais cesser, et de
Il faut des lois pour
protéger l’agressé,
mais il faut aussi
mobiliser lamasse
silencieuse,
lapousser à agir et
la responsabiliser.