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Anti-Schwarzer Rassismus
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Racismeanti-Noir
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Il razzismo contro i Neri
Polizeigewalt und racial profiling
Violences policières et profilage racial
Violenzedellapolizia eprofiling razziale
Yves PatrickDelachaux
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Propos recueillis par laCFR | Profilage racial: le point de vue d’un ex-policier
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6/2014
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TANGRAM 33
A qui peuvent s’adresser les personnes qui
s’estiment victimes de contrôles abusifs et
systématiques? Ces organes sont-ils suffisam-
ment indépendants de la police pour pouvoir
remplir leur fonction qui est de protéger les
victimes?
Tous les corps de police ont un groupe,
une brigade, d’inspection générale. Mais la
plupart du temps ce service n’est pas indé-
pendant de la police. Il s’agit d’officiers de
police qui ont beaucoup de difficultés à ne
pas défendre la profession contre elle-même.
Il n’y a pas de vue pluridisciplinaire et indé-
pendante. Et engénéral, ces officiers rendent
des comptes à la direction de la police, elle-
même ayant tout intérêt à ce que les affaires
ne soientpasébruitées.Généralement, c’est le
chef de la police qui dirige l’inspection géné-
rale. C’est une absurdité. Certes, parfois une
affaire est rendue publique, ou dénoncée en
justice,mais c’est exceptionnel. Certains corps
de police ont un commissaire à la déontolo-
gie – d’ordinaire il s’agit d’un juriste ou d’un
magistrat. Mais là encore, il est difficile pour
cette personne d’obtenir les versions exactes
des affaires. Il faut savoir qu’en tout premier
lieu c’est le responsable direct du policier
qui prend sa déposition, parfois un officier,
et dans la plupart des cas la déposition sera
«orientée» avant d’être acheminée par voie
de service. Il est nécessaire d’instaurer un col-
lège pluridisciplinaire extérieur au corps de
police qui puisse avoir accès sans restriction
à l’ensemble des dossiers, interpeller directe-
ment les agents de police, visiter les postes et
les brigades sans avertissement.
1
Via courriel.
mettrait à la police de trouver une position
ferme sur cequ’est un acte à caractère raciste
oudiscriminatoireenvers lesNoirset lesautres
communautés. Les corps de police souffrent
d’immaturité organisationnelle en ressources
humainesetenpolitiquede formation, de fai-
blessesmanagériales, d’absence de politiques
en éthique et droits de l’homme et de grilles
de lecture des situations critiques. Les outils
manquent pour soutenir un regard policier
débarrassé de réflexes protectionnistes pri-
maires. Deux mesures simples peuvent être
mises enplace. Lapremière consisteàaména-
ger, à lapriseou à lafinde service, un espace
de discussion pour faire le point sur telle ou
telle pratique abusive ou idée reçue. C’est
aux cadres intermédiaires d’organiser ces
moments de discussions. Durant ces séances,
ils sensibiliseront leur personnel et en profi-
teront pour remettre à l’ordre ceux qui, par
routine, se laissent aller à la discrimination.
Cela implique que les cadres soient formés
pour une telle démarche. La secondemesure,
plus institutionnelle, consiste à mettre en
place une analyse des incidents critiques. Par
ce biais, des exemples d’interventions déli-
cates, ou dénoncées comme telles, pourront
servir de spécimen pour découvrir toutes les
fragilités du systèmedemanagement et envi-
sager alors des mesures à long terme. Ainsi,
pour atteindre l’objectif de combattre l’acte
raciste et toute forme de discrimination, les
états-majors doivent développer trois axes:
la posture et l’attitude de leurs agents sur les
rôles du service public et les valeurs défen-
dues dans un Etat de droit; les compétences
des cadres intermédiaires à promouvoir les
postures et les attitudes des policiers; les qua-
lités dumanagement des cadres supérieurs en
analysed’incidents critiques.