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Anti-Schwarzer Rassismus
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Racismeanti-Noir
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Il razzismo contro i Neri
Polizeigewalt und racial profiling
Violences policières et profilage racial
Violenzedellapolizia eprofiling razziale
DeniseGraf | Le profilage racial dupoint de vue des victimes
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6/2014
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TANGRAM 33
gauche. Je ne sais pas comment la troisième
personne est descendue mais ils étaient trois
à m’entourer. Le quatrième était toujours en
haut et il continuait àparler avecmoi. Près de
moi, il y avait une agente de police et deux
agents depolice. Celui qui était enhaut, était
aussi unhomme. Jepensequ’il était leur chef.
Quand ils sont descendus, ils ont immédia-
tement menotté mon bras gauche. Je leur ai
demandé: «Pourquoi vous me faites ça?» Ils
ont répondu qu’ils étaient en train de contrô-
ler lesNoirs. Je leuraidit: «Neme faitespas ça.
Pourquoi vousme faites ça?» Ils voulaient aus-
simenottermamaindroitepar devant. Jen’ai
pas accepté. C’est alors que le quatrième poli-
cier est à son tour descendu. Il m’a poussé par
terre sanspréalablementessayerdeparleravec
moi. Ilm’apoussé très fortementet je suis tom-
bé par terre, sur mon dos. Ils m’ont tourné et
m’ontmenottédans ledos. Ilsm’ont demandé
deme lever et de les suivre. Je leur ai répondu
que je ne pouvais pasme lever. C’est ainsi que
l’und’euxm’apris sousmon épaulegauche et
l’autre sousmonépauledroiteet ilsm’ont levé.
Ils nem’ont jamais demandédem’identifier ni
essayéde trouver unepièced’identité surmoi.
Ils m’ont emmené en haut et m’ont fait
monter dans un bus de la police. J’étais assis
entre les deux policiers. Ilsm’ont directement
emmenéauposte.
Ilsm’ontemmenédansunepièceetontdit
qu’ils allaient procéder à un interrogatoire.
Je leur ai répondu que je pensais que j’avais
le droit à la présence d’un avocat. Jusqu’à ce
moment, personne ne m’a jamais demandé
mon identité ou mon titre de séjour. Ils vou-
laient enlever mes menottes mais je n’ai pas
accepté qu’ils enlèvent mes menottes. Je leur
ai dit que je voulais qu’ils fassent préalable-
ment une photo de moi en menottes avec
monportableet qu’ils appellent unavocat de
Leprofilage racial dupoint de vuedes
victimes
DeniseGraf
Pour la victime, le profilage racial repré-
sente toujours un traumatisme important qui
laisse un sentiment d’humiliation, d’exclu-
sion et d’incompréhension face à l’arbitraire.
Il est extrêmement coûteux de mener une
procédure pénale contre la police et malheu-
reusement, la réponse du service d’aide aux
victimes équivaut souvent à une retraumati-
sation.
Bien que moins fréquemment que par le
passé, Amnesty International est régulière-
ment contactée par des personnes qui s’esti-
ment victimes de profilage racial. Une per-
sonne en provenance d’Afrique de l’Ouest
nousa contactésennovembre2012pournous
fairepart du témoignage suivant:
J’étudie en Suisse pour compléter mes
études. Cela ne fait pas encore longtemps
que je vis en Suisse. Un jour, après l’univer-
sité, jeme suis rendu chezmoi et j’ai mangé.
J’ai ensuite décidé de faire une promenade
pour prendre l’air. Depuis mon appartement,
je mets environ dix minutes pour me rendre
au bord de la rivière. J’ai mis mes deux télé-
phonesportablesdansmapocheet j’ai écouté
de lamusique. Je fais régulièrement une pro-
menade le long de la rivière. Je traverse un
pont, je longe la rivière de l’autre côté et je
traverse un autre port plus loin pour ensuite
revenir par l’autre bord de la rivière avant de
remonter chez moi. Je portais des habits de
sport. Il faisait sombre. Je marchais au bord
de la rivière. Il y aune routequi surplombe la
rivière. Tout à coup unmonsieur s’est adressé
àmoi depuis la routeenhaut: «Nous sommes
de la police, montez en haut.» Il me parlait
en anglais. Comme je ne connaissais pas cette
région de la ville, je leur ai répondu: «Je ne
saispasparoù il fautmontermais jeveuxbien
volontiers vous attendre ici.» Il amobilisé ses
collègues pour descendre vers moi. L’un deux
est descendu par la droite et l’autre par la