TANGRAM 33 Bulletin de la CFR Juin 2014 - page 57

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Anti-Schwarzer Rassismus
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Racismeanti-Noir
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Il razzismo contro i Neri
Tief verwurzelte Stereotype
Des stéréotypesaux racinesprofondémentancrées
Le radici profondedegli stereotipi
El Hadji GorguiWadeNdoye | L’image de l’Afrique enOccident: une histoire des préjugés
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6/2014
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TANGRAM 33
même «leurs maisons de toits à lames d’or»
et l’intérieur «orné avec de l’or travaillé» et
les soldats aux «armes enor»que, «quand ils
vont à la guerre, les reflets du soleil rendent
si brillantes que personne ne peut les regar-
der». Idéalisé au départ, l’homme Noir sera
aumoyen âge vite assimilé au descendant de
Cham, le fils maudit de Noé, donc corvéable
à merci, d’où la justification par l’Eglise de
l’esclavage.
Avec Henri le Navigateur,
les Portugais longent les
côtes africaines et atteignent
le cap de l’extrême sud du
continent en1488.DuartePa-
checo Pereira parle de la nu-
dité des Africains, assimilée à
l’obscénité et à la perversion
sexuelle dans la morale chré-
tienne, sauf, dit-il, «lesnobles
et leshommeshonorables (...)
ils peuvent avoir autant de
femmes qu’ils veulent (...)».
Il dira plus loin: «Ils sont vicieux, rare-
ment en paix les uns avec les autres et sont
de grands voleurs et menteurs (...) de grands
buveurs et très ingrats (...) Sans honte ils ne
cessent demendier (...) Ils ont tous les défauts
qu’unhommepeut avoir»
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.
De ces Africains «l’on ne peut rien ap-
prendre de bon, ni pour les mœurs, ni pour
l’éducation (...) Ils sont très bornés du côté
des sciences (...) Ils dégagent une odeur ré-
pugnante surtout lorsqu’ils ont chaud» écrit
Le Page du Pratz en 1758. Et d’ajouter: une
paresse congénitale, une indolence, une apa-
thie, une nonchalance et une ignorance de
quoi faire d’eux-mêmes. En conséquence il
faut «les guider, les diriger», ces gens dont
«ladanseest leur passion favorite. Il n’y apas
un peuple au monde qui y soit plus attaché
qu’eux», renchérit Labat. C’est «unpeuplede
Ladispersiondumondenoir ne commence
donc ni avec l’esclavage, ni avec la traite né-
grière,mais dès la Préhistoire.
L’inventiondu «Noir»par leBlanc
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Ceci posé, voyons comment leNoiraété in-
venté par le Blanc. Et comment cette «inven-
tion du Noir par la bibliothèque coloniale»,
comme le rappelle le professeur Mamadou
Diouf
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, seperpétuedemanière visibleou insi-
dieusedans la littératurede lapresseocciden-
tale.
Jusqu’au milieu du 15
e
siècle, il yaeupeude contacts
entre l’Occident et le Conti-
nent africain, notamment sa
partie subsaharienne. Les Por-
tugais seront lespremiersàdé-
barquerdans les embouchures
du Sénégal et sur la presqu’île
du Cap-Vert (pointe occiden-
tale du continent Africain,
au Sénégal). Le navigateur et
explorateur portugais Diniz Dias a ouvert la
porte à l’Europe qui espérait y découvrir de
l’or en abondance: «réservoir surréaliste des
merveilles réjouissantes, le puissant royaume
du mythique Prêtre Jean...». Cependant,
l’Afriquen’était pas aussi prospèreà l’époque
que le rêvait l’Occidental.
Avec ladécouvertede l’Amériqueen1492,
les Européensmettront en place un vaste sys-
tème d’exploitation des ressources naturelles
et puiseront la main-d’oeuvre nécessaire en
Afrique noire en réduisant des millions de
personnes à l’esclavage. Pendant trois siècles,
près dedouzemillions d’Africains noirs seront
forcésde faire levoyageà ticket simplevers le
«nouveaumonde».
Les frères Pizigani racontent l’abondance
d’or en Ethiopie, des dignitaires couvrant
Ladispersiondu
mondenoir ne
commencedonc
ni avec l’esclavage,
ni avec la traite
négrière,mais dès
la Préhistoire.
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