TANGRAM 33 Bulletin de la CFR Juin 2014 - page 52

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Anti-Schwarzer Rassismus
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Racismeanti-Noir
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Il razzismo contro i Neri
Tief verwurzelte Stereotype
Des stéréotypesaux racinesprofondémentancrées
Le radici profondedegli stereotipi
TANGRAM 33
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6/2014
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Kidi Bebey et Olivier Rogez | Comment écrire un article sur l’Afrique, les Africains et les Noirs sans se faire tancer
Arrêter d’exiger des brevets debonne
conduite
On constate souvent qu’à chaque fois
qu’un Noir émet une critique publique, il lui
est reproché de ne pas être représentatif de
sa communauté et demanquer de légitimité.
Personne ne se demande si des Blancs émet-
tant des critiques sont représentatifs de leur
«communauté». Par ailleurs, les Noirs ont le
droit d’avoir ladent dure voiremauvais carac-
tère sans qu’on leur reproche constamment
de cracher dans la soupe ou de contribuer à
dénigrer leur «communauté».
Garder à l’esprit que l’Afriquen’est pas
unpays
Certes, nous vivons dans un monde glo-
balisé où l’Européen a tendance à prendre le
pas sur le Français et où l’Occidental définit
parfois le Blanc. Mais lemonde change: il y a
des Noirs à la fois occidentaux, européens et
français. Ouallemands. Ou suédois…
Il y a même des Africains blancs – et pas
seulementauMaghrebouenAfriqueduSud–
et même des sans-papiers africains et blancs,
comme en Afrique du Sud où la précarité et
la misère ne sont pas l’apanage des Noirs. A
l’instar des pays du Nord, il y a des Africains
nationalistes, qui n’aiment pas forcément
l’idéed’uneunion transcontinentaleet qui ne
jurentquepar leurhistoirenationale.Deman-
dezdoncàunGuinéende sedéfinir et il bran-
dira le «Non!» à De Gaulle de 1958, lorsque
les Guinéens ont refusé le contrat d’associa-
tionpolitiqueproposépar laFrance. L’Afrique
est diverse, ses peuples sont nombreux et le
mot «africain» recouvrebiendes réalités.
Enfinir avec les images d’Epinal
Les Africains ne sont pas tous des brous-
sards perdus en ville, des analphabètes accros
au football, des femmes subissant la polyga-
mie ou portant des bébés dans leur dos. A
Comment écrireunarticle sur l’Afrique, les
Africainset lesNoirs sans se faire tancer?Voi-
là une question qui se pose en cette époque
où le «politiquement correct» a tendance à
rendre tout le monde frileux. Pourtant, ce
n’est pas si compliqué: un zeste de naturel,
un brin d’intelligence et une dose de profes-
sionnalisme suffisent.
Mettre ses gants à lapoubelle
Les Noirs sont bienmoins explosifs que la
nitroglycérine. De même, ce ne sont ni des
lémuriens ni des Martiens qu’il faut étudier
derrière la vitre d’un laboratoire. A force de
considérer qu’ils représentent une catégorieà
part, onfinitpar le croire, par le faire croireet
surtout par perdre touteobjectivité. A vouloir
dépassionner le débat de cette façon mala-
droite, on finit au contraire par irriter tout le
monde. Prenez quelqu’un avec des pincettes
et vous induirez immédiatement que cette
personne est fragile, spéciale, susceptible
voireparanoïaque.
Eviter les généralisations
On le sait depuis GastonKelman
1
, onpeut
être noir et ne pas aimer le manioc. Rappe-
lonsdoncaussi que tous lesNoirsn’aimentpas
forcément le rap et ne portent pas nécessai-
rement des pantalons baggy. Cela paraît une
évidence, néanmoins, lorsque l’on entend ou
lit certains commentaires à propos de la pré-
tendue«BlackFashionPower»
2
,de l’influence
que le couple Obama aurait sur le style de la
soi-disant communauté afro-américaine, on
se dit qu’il y a des évidences qui sont bonnes
à rappeler. De même que les Françaises ne
calquent pas toutes leur style sur celui de
Valérie Trierweiler, les Afro-Américaines n’at-
tendent pas avec anxiété les sorties publiques
de la Première dame des Etats-Unis pour révi-
ser leur garde-robe.
Comment écrireun article sur l’Afrique,
lesAfricains et lesNoirs sans se faire tancer
Kidi Bebey etOlivier Rogez
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