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Anti-Schwarzer Rassismus
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Racismeanti-Noir
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Il razzismo contro i Neri
Tief verwurzelte Stereotype
Des stéréotypesaux racinesprofondémentancrées
Le radici profondedegli stereotipi
KanyanaMutombo | Racisme anti-Noir: dix traits qui en font une spécificité
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6/2014
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TANGRAM 33
formes d’hégémonisme (ex. cinéma) fera le
reste, de pair avec l’islamisationmissionnaire,
pour universaliser le racisme anti-Noir.
4. Lemarquagehistoriquede crimes
uniques
Le racisme anti-Noir, c’est deux crimes
majeurs contre l’humanité, deux holocaustes
distincts
8
. D’abord, la traite et l’esclavage
des Noirs. Débutés par les Arabes au 7
e
siècle
(jusqu’à nos jours, en Mauritanie et au Sou-
dan), ils dureront plus dedouze siècles et s’in-
tensifieront par l’entrée en lice de l’Occident
chrétien qui va leur donner, dès le 15
e
siècle,
une ampleur sans précédent. A l’hémorragie
des meilleurs éléments déportés ou décimés
par les razzias meurtrières
et les conditions inhumaines
des marches ou de la traver-
sée des mers, s’ajoutent des
multiples effets directs et in-
directs: développement sans
précédent des famines etma-
ladies, multiplication et per-
manencedes conflits internes,
etc. La géographe Louise-Ma-
rie Diop-Maes, estime cet ef-
fondrement démographique
à 400 millions de morts pour
la seule période 1750-1850
9
. Un holocauste
auquel la Suisse a participé
10
. A l’inverse, la
massive et gratuite main-d’œuvre Noire pla-
cera définitivement l’Occident sur l’orbite de
laprospérité.
Après la traite négrière, l’Afrique va su-
bir un second holocauste avec la sanglante
conquête et l’exploitation coloniales. Dépecé
et partagé entre puissances européennes, le
continent verra immoler des millions de vies
africaines qui permettront à ces puissances de
s’approprier gratuitement pendant près d’un
siècle des matières premières vitales, consoli-
dant leur prospérité. Au Congo belge, sous la
islamisation, sans que Dieu ait daigné leur
envoyer directement cemessage cautionnant
leur infériorité congénitale et leur réduction
en esclavage. Les répercussions historiques
de ces élucubrations seront désastreuses pour
les Noirs. Au point que, en Afrique, Bilal est
un prénom pestiféré depuis que ce Noir pre-
mier muezzin de l’islam, compagnon du pro-
phète, voire cofondateur avec lui de l’islam,
est plutôt passéà lapostérité comme l’esclave
affranchi deMahomet avant tout
6
.
3. L’universalité
Le Noir est sans doute le seul être de la
terre que tout lemonde connaît. Tant les sté-
réotypes qui lui servent d’identité sont mon-
diaux, imprégnant les ima-
ginaires aux quatre coins du
monde. Le racisme anti-Noir
précède le Noir où qu’il aille.
L’universalisation du mythe
de laMalédiction partagé par
les trois religionsbibliques (ju-
daïsme, islamet christianisme)
ayant façonné les mentali-
tés dans le monde, y est sans
doutepour beaucoup.
La stigmatisation origi-
nelledesNoirs aeneffet vitedépassé l’hémis-
phère moyen-oriental. En Occident, elle aura
unegrande résonancegrâceàdeuxembléma-
tiquesfigures: leFrançais JosephdeGobineau
(1816-1882), dont l’
Essai sur l’inégalité des
races humaines
a constitué une transmission
patrimonialemajeure qui a nourri et forgé le
conscient collectifoccidental; et lephilosophe
allemand Hegel (1770-1831), qui a profondé-
ment marqué la pensée occidentale avec son
concept de «nègre irrémédiablement primi-
tif», car «vivant dans un état de sauvagerie
et de barbarie qui l’empêche de faire partie
intégrante de la civilisation»
7
. L’occidentalisa-
tiondumonde, par la colonisationoud’autres
Il s’agit làd’une
véritable certification
divine, présentée
comme telleaux
Noirs lors de leur
évangélisation et
islamisation.