TANGRAM 33 Bulletin de la CFR Juin 2014 - page 58

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Anti-Schwarzer Rassismus
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Racismeanti-Noir
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Il razzismo contro i Neri
Tief verwurzelte Stereotype
Des stéréotypesaux racinesprofondémentancrées
Le radici profondedegli stereotipi
TANGRAM 33
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6/2014
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El Hadji GorguiWadeNdoye | L’image de l’Afrique enOccident: une histoire des préjugés
La légitimation intellectuelledu racisme
anti-Noirs
Pour légitimer l’aventure coloniale, les
anthropologues, les ethnologues, les poli-
tologues, les économistes et les naturalistes
comme Buffon, et certains milieux ecclésias-
tiques à travers lemythe de la damnation de
Cham, ont bâti une image du Noir sauvage,
inculte, qui n’a rien inventé, qui n’a rien pro-
duit, parasite, paresseux, bon enfant, inca-
pable seul de conduire sondestin.
Ils ont justifié les notions de «mission civi-
lisatrice», de «droit d’aînesse», la mission
évangélique consistant à sauver des «âmes
livrées à la perdition», perpétué l’image de
l’Afrique continent mouroir, avec ses fièvres,
ses fortes chaleurs, ses animaux sauvages, ses
serpents, cette humanité qui dysfonctionne
et légitimé la traite négrière, l’aventure colo-
niale, leCodenoir, le régimede l’indigénat.
On a même vu des représentants illustres
des Lumières, commeMontesquieu, légitimer
la traitenégrièreet d’autres, commeVoltaire,
investir leurs avoirs dans le commerce dubois
d’ébène.
S’en suit la théorisation de la lutte des
races. Gobineau, Buffon et d’autres «scienti-
fiques» proposaient une hiérarchie des races
dans laquelle les Noirs occupaient la dernière
catégorie.
On a, ensuite, théorisé la colonisation et,
actuellement, la notion de droit d’ingérence
prétendument humanitaire, véhicule de
fortes doses de préjugés pour justifier de la
nécessité d’interventions militaires qui le plus
souvent cachent des intérêts géostratégiques
et économiques.
rire et de la danse». «Ils passent le plus clair
de leur temps à piailler, à caqueter et à s’es-
claffer, dit David, qui martèle: «Ils se pillent,
volent et assassinent impunément».
Des évangélistes étaient convaincus qu’on
ne pourrait jamais faire des Africains de bons
chrétiens. Le Révérend Père Labat soutient:
«Il est certain que leur tempérament chaud,
leur humeur inconstante et libertine, la faci-
lité et l’impunité qu’ils trouvent à commettre
toutes sortes de crime, ne les rend guère
propres à embrasser une religion dont la jus-
tice et lamortification (…) la continence (…)
l’amour des ennemis, le mépris des richesses,
etc. sont les fondements». Le terrain est bien
préparé pour assouvir le désir de la domina-
tionde l’hommepar l’homme: réduireen ser-
vitude ces hommes frappés d’une «indignité
naturelle» et dont le profil moral est très bas
peut poser unproblèmede conscience.
En 1776, Chambonneau parle du roi du
Sénégal en affirmant qu’il «n’a fait que tuer,
prendrecaptifs,pilleretbruslerypays (...)gas-
ter lesmils et les couper en verd en sorte que
les gens (...) estoient contraints demanger de
l’herbe (...) et des charognes».
D’autres par contreont insisté sur labeau-
té des Africains, sur leur générosité, leur fidé-
lité et leur bonne humeur. «Ce qui indique
la grandeur, des qualités morales ou intellec-
tuelles et donc qui est un signe demajesté et
de noblesse selon David. Ils vouent un grand
respectauxvieillards.»«Ilsne lesappellent ja-
mais par leur nom qu’ils n’y joignent celui de
père. Quoiqu’ils ne soient point leurs parents,
ilsne laissentpasde leurobéir, etde les soula-
ger en toutes choses» àen croire Labat.
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