TANGRAM 33 Bulletin de la CFR Juin 2014 - page 64

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Anti-Schwarzer Rassismus
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Racismeanti-Noir
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Il razzismo contro i Neri
Polizeigewalt und racial profiling
Violences policières et profilage racial
Violenzedellapoliziaeprofiling razziale
TANGRAM 33
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6/2014
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DeniseGraf | Le profilage racial du point de vue des victime
Pas de soutienpour les victimes
Ce désarroi face à l’intervention policière,
nous le ressentons très régulièrement lorsque
nous avons affaire à des victimes de profi-
lage racial. Malheureusement, la réponse du
service d’aide aux victimes n’arrange pas les
chosesetéquivautàune retraumatisation. Les
services d’aide aux victimes
doivent absolument examiner
les doléances des personnes
appartenant à des minorités
visibles avec un esprit plus
critique, avant de dire que la
police a le droit de faire des
contrôles d’identité. Il faut
par exemple examiner la jus-
tification de l’intervention, sa
proportionnalité, le compor-
tement des différents acteurs
impliqués, etc.
Pour la victime, le profi-
lage racial représente tou-
jours un traumatisme impor-
tant qui laisse un sentiment
d’humiliation, d’exclusion et d’incompréhen-
sion face à l’arbitraire. L’interpellation d’une
personne sous le seul prétextede son sexe, de
sarace,de lacouleurdesapeau,desareligion,
de sa langue, de son âge, de son statut, de la
manière de s’habiller ou de tout autre critère
distinctif particulier relèvede l’arbitraire total
et doit par conséquent être interdite.
Plaintes pénales sans résultats
Etpourtant, en casdeplaintepénale, cette
pratique est souvent couverte par le procu-
reur en charge du dossier, voire par les tribu-
naux. Il est extrêmement coûteux de mener
une procédure pénale contre la police, et la
plupart du temps les victimes ne parviennent
pas àmener une procédure jusqu’au Tribunal
fédéral qui pourrait éventuellement corriger
le tir.
mon choix. Un policier a fait cette photo. Il y
aunegrande tableendehors de lapièceet ils
m’ont emmené vers cette table. Je leur ai dit
que je ne pouvais pas comprendre pourquoi
ilsme traitaient de cette façonet qu’ils neme
permettaientpasd’avoirunavocat. C’estalors
qu’ils ont procédé àune fouille. Ils ont enlevé
tous mes habits. J’avais déjà
marché une quarantaine de
minutes et j’avais bien trans-
piré. Ensuite, ils ont pris mes
empreintes digitales. Jusqu’à
ce moment-là, personne ne
m’avait jamais demandé mon
identité, ni mon titre de sé-
jour. Jevoulaisqu’ilsappellent
mon avocat. Ils m’ont deman-
dé d’appeler mon avocat. J’ai
donc appelé mon professeur
et j’ai passé mon téléphone
au policier. Il a parlé avec lui
et à cemoment-là, ce dernier
ne s’est pas senti bien. Il s’est
d’abordexcuséauprèsdemon
professeur et après l’entretien
téléphonique auprès demoi.
J’ai puquitter leposte. J’avaisdesdouleurs
partout. J’ai pris contact avec le serviced’aide
aux victimes. Lorsque j’étais auprès de ce ser-
vice, ilsm’ontditque lapoliceavait ledroitde
fairedes contrôles d’identité.»
Lorsque la personne en question nous a
contactés, elle était fortement atteinte par
cet événement. Elle se sentait profondé-
ment humiliée, physiquement mal, souffrait
d’insomnies et envisageait d’abandonner ses
études en Suisse et de rentrer dans son pays.
Malgré les excuses présentées par la police,
cettemanièredeprocéderétait incompréhen-
sible pour elle, ceci d’autant plus qu’à aucun
moment, la police ne semble avoir essayé de
procéder àune identification.
Pour la victime,
leprofilage racial
représente toujours
un traumatisme
important qui laisse
un sentiment
d’humiliation,
d’exclusion et
d’incompréhension
faceà l’arbitraire.
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