63
20 Jahre
|
20ans
|
20 anni
Wiedenken Jugendlicheüber Rassismus undVielfalt
Les jeunes faceau racismeet à ladiversité : enquêtes
Razzismo ediversità visti dai giovani: inchieste
Gladys Rastorfer | Le racisme dans l’œil des jeunes Romands
|
6/2015
|
TANGRAM35
sions anodines. Et ce, apparemment, quel que
soit leniveaud’éducation.
En effet, dans un centre de loisirs d’un
quartier populaire à Lausanne, des jeunes
entre 16 et 22 ans, appren-
tis ou en rupture de scola-
rité, tiennent, par exemple,
un discours tout aussi confus
et amalgamant à propos des
Juifs, d’Israël et du sionisme.
Un exemple extrême: «C’est
clair que l’Etat islamique, c’est
pas vraiment des musulmans,
affirmeMehdi. L’islamdit que
tuer, c’est un pêché. L’Etat
islamique, c’est un truc inventé par les Etats-
Uniset les Juifspourdiaboliser lesmusulmans.
C’est comme le 11 Septembre.»
En cela, Internet est vertigineux. Les théo-
ries du complot les plus fumeuses circulent
désormais sans frontières de communauté,
de classe sociale ou de niveau d’éducation. Et
ceuxqui les relaientn’assumentpas la respon-
sabilitéde cequ’ils diffusent. «Çam’est arrivé
departagerun lienversdes sitesqui disent ça,
avoueAmet, mais je n’ai pas vraiment vérifié.
Après, c’est ceuxqui lisent qui doivent se faire
leur propre avis.»
«Justedes idées»
Chez les maturants, l’usage de Facebook
estplusavisé.«Jen’aimepasaborder les sujets
sensibles sur Facebook, dit Aurélien. Quand
onpubliequelque chose, onne sait jamaispar
qui ça peut être vu. Alors je ne partage pas
n’importe quoi. Ça nem’empêche pas de dire
ceque jepensequand je suis avecdes amis ou
des gens que je connais bien. Mais Facebook,
c’est comme si ondisaitdes choses enpublic.»
Par ailleurs, à les en croire, la diffusion de
contenusmettant en cause des communautés
me considère pas comme antisémite. Mais
je pense qu’en matière d’humour, les jeunes
sont capables d’aller beaucoup plus loin que
les générations d’avant. Les choses sensibles,
comme les camps de concentration, on peut
tout à fait en rire. Parcequ’on
n’a pas vécu la guerre, et nos
parents non plus. Plus on
s’éloigne de cette époque,
plus on sepermet d’en rire.»
La discussion qui se pour-
suit avec Mathias, Anne-Lise,
et trois autres jeunes gens à
la sortie d’un lycée, révèle un
autre paradoxe: d’un côté, ils
se disent capables de rire de tout, en particu-
lier de la Shoah. De l’autre, certains estiment
que s’en prendre aux croyances religieuses
n’est pas acceptable, en particulier s’agissant
des caricatures de Mahomet. «Les croyances
religieuses, c’est sacré», lâchemêmeMathias.
Un camarade prend le relai: «Je ne com-
prends pas qu’onpuisse rired’un trucdont on
sait que ça vablesser des gens.»
Et les chambres àgaz? «Je comprends que
ça peut aussi heurter, dit Mathias. C’est pour
ça que j’évite de le faire avec n’importe qui.
Mais il faut dire, aussi, qu’on tolère les cari-
catures de Mahomet, et en même temps, on
a l’impression que les Juifs, ils sont toujours
mieux protégés. C’est deux poids, deux me-
sures. Parce que les médias, c’est les Juifs qui
les contrôlent. C’est comme laCIA...»
Théories du complot
Cetyped’affirmationsdécouledirectement
de la large circulation sur Internet de théories
du complot en tous genres. Visionnéesmême
avec un degré d’attention superficiel, elles fi-
nissent par se déposer en strates dans le fond
des consciences et ressortent comme si elles
tenaient de l’évidence à l’occasion de discus-
Les jeunes ont
une conscience
aiguëde la
différenceentre
paroleprivée et
parolepublique.