Fatima Moumouni, poète spoken word und chroniqueuse
En Suisse, on oublie souvent que parler de non-discrimination, de diversité ou d’égalité de traitement, c’est aussi parler de sécurité. Et donc, de vie ou de mort. Or l’insécurité fait partie du quotidien de nombreuses minorités – autrement dit, de la majorité de la population mondiale. Elle ne résulte pas seulement des guerres, des occupations illégales, de la crise climatique ou des famines provoquées par l’homme et instrumentalisées à des fins politiques. Elle découle aussi du racisme. Du racisme à l’égard des personnes noires, musulmanes ou juives, de celui envers les Manou¬ches, les Sintés ou les Roms, mais aussi d’autres formes de discrimination, comme la queerphobie ou le validisme, qui rendent ce monde invivable pour tant de personnes.
La Suisse est connue pour sa tradition humanitaire, son rôle de gardienne des droits humains et de médiatrice en temps de guerre ou d’injustice. Cette réputation lui confère d’immenses privilèges, mais l’oblige tout autant. Dans une certaine mesure, la Suisse profite même de l’insécurité qui règne ailleurs.
Je voudrais nous inviter – vous, nous, la Suisse – à quitter notre zone de confort pour nous demander : en faisons-nous vraiment assez ? Et surtout : comment rendre ce monde et la Suisse plus sûrs ? Non pas au nom d’une vision conservatrice ou d’extrême droite, mais au nom d’une humanité sans compromis, qui refuse toute forme d’indifférence.
Sinon, la Suisse n’est plus vraiment la Suisse. Ou alors… peut-être n’est-elle tout simplement que la Suisse. Pour ma part, j’attends davantage de « Suisse » de la part de ce pays qui est le nôtre.