Cette production, qui date de 2018, a été retenue pour son recours (implicite) aux préjugés et allusions qui peuvent en découler. Elle s’inscrit dans la logique médiatique de l’élargissement ou du déplacement d’une actualité ou d’un événement médiatique à travers ce que les journalistes appellent parfois une « accroche d’actualité ». Ici, alors que « l’affaire Melgar » fait polémique à Lausanne (voir section II), le journal Le Matin s’intéresse à la question du trafic de drogue à proximité des écoles genevoises.
Bien que comportant probablement une dimension factuelle, la phrase « Sans omettre le régulier harcèlement de rue à connotation sexuelle que de nombreux trafiquants d’origine africaine font subir à la gent féminine » manque à la fois de précision (pas d’exemple donné) et de contextualisation.
L’usage du terme « faune » (cat. 3 – abus de langage) pour qualifier des personnes qui ont déjà été décrites comme des « trafiquants d’origine africaine » pose tout particulièrement problème d’un point de vue déontologique, voire relève de l’infraction pénale.
L’intertitre « Really good cocaïne my friend » est extraite de la phrase suivante, laquelle joue sur l’ambiguïté :
« Et là aussi, celui qui ne demande « que» de l’herbe se verra proposer ‘Do you want cocaïne? Really good my friend!’ »
Cette affirmation n’est pas sourcée, et il n’est pas clair si la situation a été vécue par le journaliste auteur de l’article, si elle lui est parvenue d’une autre source (en ayant été vérifiée), ou si elle est de l’ordre de la rumeur.
La vidéo, enregistrée de manière cachée sur un téléphone portable a pour conséquence d’amplifier le sentiment d’insécurité et l’effet de stigmatisation d’une population plus large, sans apporter la preuve du phénomène décrit.