Résumé de l’article
«Der Soziologe : «Menschenverachtung als Gruppenprozess» (allemand)
Auteur
Sandro Cattacin est directeur de l’Institut de recherches sociologiques de l’Université de Genève.
sandro.cattacin@unige.ch
Les attitudes méprisantes à l’égard d’autrui puisent souvent leurs racines dans des expériences ou des récits qui, lorsque nous les intériorisons, nous amènent à attribuer à certaines personnes des caractéristiques associées à un groupe en particulier, voire à les percevoir comme un danger.
Ces processus d’intériorisation, au sens de phénomènes de construction identitaire, se développent à partir de fragments de récits, d’expériences ou d’observations et évoluent de manière anarchique, pour s’exprimer ensuite sous forme de stéréotypes. Omniprésents dans le monde actuel, ces derniers dénotent aussi un besoin de se différencier dans une société en quête d’individualité. De fait, ces attitudes méprisantes rencontrent au mieux quelques objections teintées d’ironie, quand ce n’est pas une complète indifférence. Pour pouvoir s’enraciner, elles doivent encore susciter l’approbation des autres. Ainsi, les processus de socialisation renforcent ces attitudes, mais aussi les identités qui se fondent sur elles. Et à l’ère numérique, il est d’autant plus facile d’ancrer des positions, aussi abstruses soient-elles, dans un groupe.
Comment alors enrayer ce processus ? Il faut encourager un usage nuancé de la langue, qui établisse mieux les distinctions entre les termes, mais également oser se confronter à d’autres opinions, opposer aux commentaires une vision contrastée et chercher sans relâche à nuancer le débat. Dans un monde composé d’identités fragiles, complexes et mouvantes, plutôt que de combattre le mépris d’autrui en lui-même, nous devons redoubler d’efforts pour promouvoir le « vivre ensemble » : en employant un langage adéquat, en provoquant la discussion mais aussi en créant des occasions, pourquoi pas festives, de se rencontrer.