TANGRAM 36

Le journaliste : « Le racisme biologique s’est réincarné en une forme de culturalisme »

Résumé de l’article
«Der Journalist: «Der heutige Rassismus ist nicht ‹rassistisch›, sondern kulturalistisch.» (allemand)

Auteur

Par la déclaration de 1999 du Conseil suisse de la presse, les journalistes s’engagent à respecter la dignité humaine et à éviter toute allusion discriminatoire à l’appartenance ethnique ou nationale, à la religion, au sexe ou à l’orientation sexuelle, à la maladie et au handicap physique ou intellectuel. Et ils semblent s’y tenir : ces dernières années, aucun professionnel des médias n’a été condamné en vertu de la « norme pénale antiraciste ».

Aujourd’hui, le racisme s’est éloigné du simple concept de « race » – et en effet, rares sont ceux qui osent encore clamer ouvertement la supériorité de la « race blanche ». Par contre, le racisme biologique s’est réincarné en une forme de culturalisme, ou essentialisme culturel, plus présentable dans les médias. Ce « nouveau racisme » ne doit plus être considéré stricto sensu – puisqu’il n’existe pas de race à proprement parler – mais correspond à une réalité élargie, qui s’étend à l’appartenance ethnique, culturelle et religieuse. Le culturalisme distingue les personnes en fonction de cette appartenance : « Tu es de culture africaine, donc tu es différent de nous. » Dans cette logique, l’Autre est autre non pas en raison de son individualité, mais de son appartenance à une culture différente. Comme le racisme, le culturalisme nie l’individu en tant que tel pour le réduire à son altérité. Et dès lors que l’étranger est autre par nature, son intégration devient une obligation. Ainsi, il n’est pas rare de lire dans la presse qu’une personne étrangère doit s’intégrer car elle est issue d’une culture différente, qui serait incompatible avec la nôtre. Pourtant, lorsque l’on gratte le vernis culturaliste, on découvre tout autre chose : la réalité de la personne, de l’individu. Chacun avec sa propre histoire, chacun avec sa propre altérité.

Urs Hafner est historien et journaliste scientifique indépendant à Berne. Il écrit principalement pour la NZZ.
u_hafner@bluewin.ch

Par la déclaration de 1999 du Conseil suisse de la presse, les journalistes s’engagent à respecter la dignité humaine et à éviter toute allusion discriminatoire à l’appartenance ethnique ou nationale, à la religion, au sexe ou à l’orientation sexuelle, à la maladie et au handicap physique ou intellectuel. Et ils semblent s’y tenir : ces dernières années, aucun professionnel des médias n’a été condamné en vertu de la « norme pénale antiraciste ».

Aujourd’hui, le racisme s’est éloigné du simple concept de « race » – et en effet, rares sont ceux qui osent encore clamer ouvertement la supériorité de la « race blanche ». Par contre, le racisme biologique s’est réincarné en une forme de culturalisme, ou essentialisme culturel, plus présentable dans les médias. Ce « nouveau racisme » ne doit plus être considéré stricto sensu – puisqu’il n’existe pas de race à proprement parler – mais correspond à une réalité élargie, qui s’étend à l’appartenance ethnique, culturelle et religieuse. Le culturalisme distingue les personnes en fonction de cette appartenance : « Tu es de culture africaine, donc tu es différent de nous. » Dans cette logique, l’Autre est autre non pas en raison de son individualité, mais de son appartenance à une culture différente. Comme le racisme, le culturalisme nie l’individu en tant que tel pour le réduire à son altérité. Et dès lors que l’étranger est autre par nature, son intégration devient une obligation. Ainsi, il n’est pas rare de lire dans la presse qu’une personne étrangère doit s’intégrer car elle est issue d’une culture différente, qui serait incompatible avec la nôtre. Pourtant, lorsque l’on gratte le vernis culturaliste, on découvre tout autre chose : la réalité de la personne, de l’individu. Chacun avec sa propre histoire, chacun avec sa propre altérité.