TANGRAM 34

« Non, je ne suis pas bronzé, je suis comme ça, je ne peux le n(égr)ier! »

Résumé de l’article
«Non sono abbronzato, qui lo dico e qui lo neg(r)o» (italien)

Auteure

Veronica Galster, licenciée en sciences politiques, est journaliste.
veronica.galster@areaonline.ch

Pour le comique siciliano-érythréen Salvatore Marino, « chevelure de Noir et visage de Blanc », rire fait du bien et l’on peut rire de tout, aussi des minorités. L’humour, même s’il a un arrière-goût amer, peut être une puissante arme contre les préjugés. Une arme que tout un chacun peut utiliser, mais qui atteint le maximum de son efficacité dans les mains de celui qui est lui-même objet de moquerie. Né à Asmara, en Erythrée, de mère érythréenne et de père sicilien, Salvatore Marino arrive à 15 ans à Rome, où il obtient un diplôme de comptable avant de se lancer dans le théâtre.

Fils de deux cultures, il apprécie l’horizon tout en nuances que lui offre sa double identité et se sert de l’humour pour combattre les stéréotypes. Dans un sketch, il interprète par exemple un père inquiet car sa fille fréquente un extraterrestre (il y a toujours un autre encore plus « autre » que soi). Dans le cadre d’un projet sur le racisme destiné aux écoles primaires, il a mené une enquête anonyme auprès d’élèves, leur demandant leur avis sur les qualités et les défauts de toutes les ethnies vivant dans leur région, et s’est servi des résultats pour mettre sur pied un spectacle jubilatoire. On y apprend entre autres que les Chinois ne sont pas doués parce qu’ils « font des choses made in China ».

Salvatore Marino estime qu’on n’accorde pas partout la même importance à la couleur de la peau : dans les sociétés multiculturelles, comme l’Angleterre ou les Etats-Unis, on n’en fait plus du tout cas, tandis qu’on la remarque encore ailleurs. L’Italie est tout au début de ce processus, mais dans vingt ans plus personne ne s’étonnera de voir un chauffeur de taxi chinois ou un médecin indien.