Ils se retrouvent sur TikTok, Instagram et Facebook, s’informent via Twitter et se forgent une opinion sur la base des contenus anonymes que leur proposent les algorithmes de leur compte Reddit. De nos jours, les enfants et les adolescents consomment beaucoup plus d’informations, et cela beaucoup plus rapidement que toutes les générations avant eux. Le smartphone a, depuis longtemps, pénétré les cours d’école. Or, avec un accès illimité à Internet, les théories complotistes ne sont jamais très loin. Il est d’autant plus important que le corps enseignant aide les élèves à reconnaître la désinformation. Heureusement, la salle de classe est le cadre idéal pour tuer dans l’œuf les théories complotistes.

L’environnement scolaire offre l’espace et le temps nécessaires à diverses formes de prévention. Le travail de prévention à l’école est indispensable, car ce qui naît d’une curiosité saine ou d’un scepticisme naturel chez les enfants et les adolescents peut rapidement conduire à une vision profondément déformée du monde. Aussi farfelues ou simplistes que puissent paraître certaines théories complotistes, les jeunes s’y réfèrent pour prendre des décisions et développer le regard qu’ils portent sur le monde. Comme les prémisses d’une théorie complotiste paraissent souvent ridicules, il est tentant de la rejeter d’emblée en la considérant comme insignifiante. Cela étant, on risque alors de renforcer la conviction des élèves qui y croient. Voilà pourquoi il est indispensable d’enseigner aux élèves comment reconnaître un récit complotiste et comment en invalider les hypothèses. Il est préférable d’utiliser les théories complotistes comme un outil de sensibilisation au lieu de les condamner en bloc.

Dans ce but, les enseignants peuvent trouver de plus en plus de matériel didactique gratuit sur Internet (voir la liste de liens). Il faut en particulier sensibiliser les élèves aux différentes formes que peuvent prendre les théories du complot. La meilleure façon de déconstruire les fausses informations consiste à demander aux élèves d’expliquer les sources qu’ils ont utilisées. Ainsi, une présentation faite devant toute la classe peut les aider à déceler les failles logiques d’une théorie et à réaliser que leurs sources ne sont pas crédibles.

Les enseignants devraient parfois explorer les réseaux sociaux qu’ils n’utilisent pas par ailleurs. S’ils veulent lutter contre la désinformation, ils doivent en effet en comprendre les ressorts et s’intéresser aux contenus problématiques que consomment les jeunes. Ce n’est qu’en utilisant le même vocabulaire qu’ils pourront capter l’intérêt de leurs élèves et les conduire à déconstruire un récit complotiste. Les enseignants qui ne savent pas ce qu’est la « pilule rouge » ou la « plandémie » devraient probablement réviser leurs propres connaissances sur les conspirations.

Dans une optique pédagogique, il est essentiel que les enseignants critiquent leurs élèves sans jamais les ridiculiser. Il s’agit bien de déconstruire le contenu des théories, non pas la personne qui le diffuse. Les élèves sont inévitablement confrontés à des contenus redoutables en ligne. Il est donc d’autant plus important que les enseignants soient à même de lutter contre les théories complotistes dans le cadre scolaire.

L’institut d’éducation sur l’Holocauste du Ministère autrichien de la formation, des sciences et de la recherche se concentre sur la lutte contre l’antisémitisme : www.erinnern.at/

L’initiative de Kreuzberg contre l’antisémitisme propose divers supports tels que conférences, analyses d’images et puzzles pour le corps enseignant sur sa plateforme en ligne : www.anders-denken.info

La Fondation Amadeu Antonio propose une manière ludique d’aborder les absurdités d’Internet avec son « générateur de décryptage » sur www.amadeu-antonio-stiftung.de/glaubnichtalles/

On trouve des vidéos et podcasts sur les théories du complot sur le centre médiatique du Land de Bade-Wurtemberg: www.lmz-bw.de

Matériel pédagogique en français : www.e-media.ch