TANGRAM 43

Ma liberté d’expression envers et contre tout ? Bonnes pratiques

Auteure

Angélique Duruz est responsable de la formation à la section suisse d’Amnesty International.
aduruz@amnesty.ch

Lorsque s’affiche la première diapositive de la présentation qui rythmera les 90 minutes de l’atelier « Ma liberté d’expression envers et contre tout ? », les langues se délient et les élèves se rendent compte qu’ils vont vivre un moment peu commun. La leçon s’ouvre sur une formulation interrogative. Saisissant l’occasion, les plus téméraires se lancent dans une discussion animée.

Durant 90 minutes de discussions, d’analyse de cas, d’explications et d’échanges, les adolescents vont tenter de cerner les aspects juridiques, contextuels et sociétaux de la liberté d’expression.

Amnesty International naît en 1961 de la volonté de défendre celles et ceux qu’on enferme pour leurs opinions dissidentes. Au fil des années, le mandat d’Amnesty s’est étendu à la revendication de tous les droits humains de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Mais pour défendre les droits, encore faut-il les connaître. C’est dans cette perspective qu’Amnesty intervient, à la demande des enseignants, dans des classes de secondaire 1 et 2.

La méthodologie des ateliers mêle trois approches éducatives incluant des objectifs d’apprentissage cognitif, affectif et psychomoteur clairement formulés. L’éducation sur les droits humains (tête) consiste à faire connaître et comprendre les normes et principes relatifs aux droits humains. Puis, l’éducation par les droits humains (cœur) touche les valeurs, les attitudes, les comportements. Enfin, l’éducation pour les droits humains (main) encourage la mobilisation et l’action pour défendre et promouvoir les droits.

Grâce à cette méthodologie, sensibilisés aux concepts d’universalité, d’indivisibilité, d’inaliénabilité et d’interdépendance qui caractérisent les droits humains, les jeunes saisissent les implications du vieil adage : « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Ils sont alors en mesure de déterminer comment l’on peut conclure, dans certains cas, à la violation de la liberté d’expression et à la légitimité d’une restriction de cette liberté pour protéger les droits d’autrui. Selon l’enseignant, l’atelier peut également approfondir les aspects juridiques en abordant plus en détail la Convention européenne des droits de l’homme et la loi suisse.

Depuis 2015, la section suisse d’Amnesty a réalisé environ 30 ateliers par an sur la liberté d’expression. Selon les évaluations des enseignants et des élèves, il semble qu’après une intervention dans une classe, ils perçoivent mieux la dimension évolutive et quotidienne des droits humains. Dans le cas de la liberté d’expression et en particulier à l’heure des réseaux sociaux, ce que l’on a le droit ou non de dire et de publier revêt une importance cruciale à leurs yeux. L’atelier cherche donc à participer au développement de leur esprit critique en abordant des thématiques interdépendantes telles que le droit à la vie privée, la liberté d’information, la liberté d’expression et l’interdiction de la discrimination avec une approche transversale et pédagogico-ludique.