TANGRAM 37

Yéniches, Sintés et Roms : bien plus qu’une touche exotique

Résumé de l’article
«Teil der Landeskultur statt «exotische Randnote» (allemand)

Auteur

Venanz Nobel est historien, écrivain et membre de la Commission fédérale contre le racisme (CFR).
Venanz.nobel@balcab.ch

Chaque enfant devrait avoir la possibilité de découvrir les facettes de la Suisse, toutes les facettes, durant sa scolarité. Mais dans quel livre scolaire les Yéniches, les Sintés et les Roms sont-ils évoqués ? Si ces dernières années ont vu la publication de matériel pédagogique à propos de ces communautés, celui-ci se cantonne souvent aux thèmes des aires de séjour et de transit, de l’interdiction de mendier et du reporting. Les ouvrages portent tout au plus sur ces minorités mais n’ont pas été élaborés avec elles. Sans compter qu’ils occultent toujours la majeure partie d’entre elles, car dans les faits, moins de 10 % seulement vit encore effectivement comme des « gens du voyage ». Les connaissances sur les Yéniches, les Sintés et les Roms continuent donc à faire défaut, y compris chez les enseignants. Or tant que ces personnes, qui font partie intégrante de la population et de la culture nationale depuis des siècles, ne feront pas partie intégrante de l’enseignement de base, il sera difficile voire impossible d’exiger d’elles une quelconque intégration et d’attendre qu’elles dépassent leurs craintes vis-à-vis de l’école. Souvent transmises de génération en génération, ces craintes ont aussi une origine historique, en raison des tests de QI discriminatoires qui ont été pratiqués. N’oublions pas que certains pionniers des recherches sur l’intelligence étaient des eugénistes. Les Yéniches, Sintés et Roms ont vécu dans leur chair les conséquences de cet état d’esprit – en Suisse, jusqu’en 1973 avec l’Œuvre d’entraide des enfants de la grand-route.