TANGRAM 37

Pédagogie de l’antiracisme : retard, progrès, enjeux

Résumé de l’article
«Fortschritte trotz fehlender Verbindlichkeit» (allemand)

Auteure

Miryam Eser Davolio, spécialiste en sciences de l’éducation, professeur au département Travail social de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), enseigne et mène des travaux de recherche sur les thèmes de l’extrémisme et de la violence des jeunes, de la migration et de l’intégration ainsi que des problèmes sociaux. eser@zhaw.ch

La pédagogie de l’antiracisme est encore peu établie dans le milieu éducatif suisse. On pourrait pourtant s’attendre à ce qu’un pays comptant quatre langues nationales et une forte part de population étrangère ait une longue tradition en matière d’éducation à la tolérance et au respect mutuel. En comparaison des autres pays de l’Union européenne, la Suisse a tendance à délaisser l’éducation antiraciste, qui n’a d’ailleurs jamais été inscrite dans les programmes scolaires de l’école obligatoire.

Bien que la pédagogie de l’antiracisme ne soit ainsi toujours pas obligatoire en Suisse, on a pu noter certains progrès ces vingt dernières années : la Confédération soutient des projets de lutte contre le racisme destinés aux écoles et aux institutions pour la jeunesse. Elle favorise ainsi la créativité et l’engagement au service de cette éducation. En outre, les programmes scolaires comportent des champs libres qui peuvent être utilisés pour de tels contenus. La formation professionnelle, quant à elle, a une longueur d’avance, en particulier dans les cursus de travail social, de santé et de pédagogie, qui comportent un volet sur les compétences interculturelles.

L’éducation antiraciste ne va pas de soi. Elle suppose d’avoir un recul critique sur soi en permanence si l’on veut éviter de renforcer des projections et des préjugés déjà existants. Elle appelle en outre un changement de perspective : au lieu de thématiser les différences culturelles, il faudrait plutôt aborder le sujet sous un angle politique et économique – en traitant plus particulièrement de la pauvreté et des inégalités.

Miryam Eser Davolio, spécialiste en sciences de l’éducation, professeur au département Travail social de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), enseigne et mène des travaux de recherche sur les thèmes de l’extrémisme et de la violence des jeunes, de la migration et de l’intégration ainsi que des problèmes sociaux.