Les conférences du colloque de Fribourg l’ont clairement montré : l’hostilité à l’égard des musulmans est une réalité concrète dans la vie quotidienne, le discours politique et les médias. Cette hostilité traduit un analphabétisme religieux de plus en plus répandu. La présence visible de la religion musulmane dans l’espace public agace notre société séculière, qui a réduit peu à peu la religion à une affaire privée. Dans ce contexte, l’hostilité à l’égard des musulmans reflète aussi une certaine incapacité des individus de percevoir la variété des orientations et des symboles religieux comme un signe de la diversité sociale.

En Suisse, nous devons faire un effort pour nuancer notre perception des musulmans. Ceux d’entre eux qui vivent dans notre pays – pour la plupart issus de l’immigration – se retrouvent confrontés à un islam divers et varié qu’ils n’ont probablement jamais eu l’occasion de rencontrer auparavant. Si cette expérience représente certes un défi, elle est aussi une richesse. Pourtant, le débat public sur les musulmans en Europe et en Suisse met encore trop rarement en avant cet aspect positif.

Enfin, les musulmans ne devraient pas faire l’objet d’une suspicion généralisée. Il faudrait plutôt favoriser le dialogue, la reconnaissance et le respect en pensant à tout ce que les associations et les groupes musulmans apportent à notre société. Nous sommes encore tout au début du chemin, mais le colloque sur l’hostilité à l’égard des musulmans est déjà un pas dans la bonne direction.