Résumé de l’article
«Noi? Non siamo razzisti, però…» (italien)
Auteure
Raffaella Brignoni, licenciée en sciences politiques, est journaliste.
raffaella.brignoni@areaonline.ch
Comment les jeunes Tessinois perçoivent-ils le racisme ? Nicola, un étudiant de 21 ans, estime que même si l’on a été éduqué à ne pas juger les autres en fonction de leur nationalité ou de leur religion et qu’on ne se considère pas comme raciste, « lors d’événements négatifs où des personnes d’autres cultures sont impliquées, la première réponse – superficielle – consiste à établir un lien avec leur nationalité ou leur religion ». Et Nicola d’ajouter : « Je pense que le racisme naît de la méconnaissance de l’autre. » Pour lui, il est indispensable de se connaître pour vivre ensemble de manière pacifique. Son cousin Michele, 25 ans, consultant financier, est d’un tout autre avis. Il a une idée bien précise du vivre ensemble : « Les personnes qui viennent en Suisse doivent respecter nos us et coutumes, sans quoi elles ne pourront jamais s’intégrer. Je ne vois pas pourquoi ce serait aux locaux de faire des efforts d’adaptation. » Selon ces deux jeunes, le racisme devient parfois une sorte de réponse au débat qui fait rage sur la politique des étrangers. « Je crois que la politique démagogique pratiquée par certains influence de façon insidieuse notre attitude envers les minorités », avance Nicola. Ce à quoi Michele réplique : « Il y a chez nous trop d’étrangers qui causent des problèmes. »
Si l’opinion exprimée par deux personnes n’a pas la valeur d’un sondage, et si cet entretien n’est qu’une démarche journalistique visant à cerner comment les jeunes perçoivent le racisme, il est toutefois intéressant de comparer les avis obtenus avec les résultats de l’étude « Vivre ensemble en Suisse 2010-2014 ». Présentée en février de cette année par le Service de lutte contre le racisme, cette étude constitue le point de départ d’un monitorage que l’Office fédéral de la statistique réalisera tous les deux ans dès 2016. On y retrouve les mêmes peurs et images stéréotypées que dans l’entretien avec Nicola et Michele.