TANGRAM 42

Défendre la thématique du racisme sur le terrain. «Le racisme tue l’intégration»

Auteur

Jacques Rossier, coordinateur cantonal de l’intégration du canton du Valais
jacques.rossier@admin.vs.ch

Comment défendez-vous la thématique du racisme dans votre canton ?

Le fait d’avoir intégré au PIC un point fort « Lutte contre le racisme » a été une décision importante de la Confédération. Cela nous a permis de travailler non pas sur des thématiques, mais sur un programme en soi. Cela a également rendu possible la mise sur pied d’un Bureau d’écoute contre le racisme, géré par la Croix-Rouge Valais depuis 2015. Notre Semaine valaisanne d’actions contre le racisme, qui vivra en mars 2019 sa 10e édition, a été renforcée par l’introduction du PIC en 2014. Au fil du temps, cette manifestation est devenue, avec le soutien des médias régionaux, un événement incontournable de l’agenda cantonal valaisan. Conformément aux objectifs du PIC, nous sommes également fiers d’avoir pu créer, avec nos partenaires, une offre de formation continue pour l’acquisition de compétences transculturelles. Cette offre s’adresse au personnel du canton et des communes. Il nous reste encore à intensifier les collaborations avec les services cantonaux concernés afin que la lutte contre le racisme fasse partie, à terme, des prestations de l’école et des formations. Enfin, je dirais encore que dans notre cas, la régionalisation de l’intégration a permis de davantage impliquer les communes dans la lutte contre le racisme. Beaucoup d’entre elles participent activement aux actions en la matière.

Utilisez-vous le terme « racisme » dans votre matériel, communication etc. ? Ou un autre terme ? Pourquoi ?

Oui, nous le nommons explicitement dans la promotion de nos actions de prévention et de sensibilisation, même si nous sommes conscients que le terme « racisme » polarise, interpelle et doit être utilisé de manière réfléchie et à bon escient. Il est certain que les projets visant à combattre le racisme font l’objet de plus d’attention et qu’ils doivent être bien conçus de manière professionnelle et transparente, pour prévenir d’éventuelles critiques.

Qu’est-ce qui a changé avec le PIC dans la thématisation du racisme dans votre canton ?

Des portes se sont ouvertes grâce à l’introduction des PIC. Cette collaboration entre Confédération, canton et communes est essentielle pour faire vivre et grandir les politiques de lutte contre le racisme. Le travail d’intégration est une construction d’actions qui vise à rapprocher les gens. La lutte contre le racisme est un combat contre des comportements intolérables. Les deux se complètent, comme le montrait notre affiche pour la Semaine contre le racisme 2016. Cette dernière contenait la phrase « Le racisme tue l’intégration ». Pour avancer, nous devons travailler sur les deux fronts. Cela étant, les ressources en personnel et les financements sont limités et restreignent notre action contre le racisme.

Quelle est votre clientèle?

La prévention du racisme s’adresse à toute la population, indigènes et migrants. Elle doit être appréhendée tant par les structures ordinaires – l’école, la formation, la santé, les structures en charge de l’emploi et du social – que par les responsables des milieux économiques, des partenaires sociaux, les ONG, etc. Elle englobe des tâches transversales et complexes qui doivent être bien comprises et qui nécessitent de construire des collaborations étroites. Je pense par ailleurs que les jeunes constituent un public cible essentiel, sur lequel nos efforts doivent aussi se porter.