TANGRAM 39

Débat stérile autour d’une définition commune de l’antisémitisme

Résumé de l’article
«Müssige Debatte um geeignete Definition von Antisemitismus. Die Working Definition of Antisemitism und ihre Entstehung» (allemand)

Auteure

Juliane Wetzel est une historienne allemande. Elle travaille au Centre de recherche sur l’antisémitisme de l’Université technique de Berlin. juliane.wetzel@asf.tu-berlin.de

Jusqu’à présent, la communauté internationale n’a pas su se mettre d’accord sur une définition officielle et contraignante de l’antisémitisme. Cependant, elle a convenu d’une définition dite « de travail ». Instrument orienté vers la pratique, elle permet de recenser les actes antisémites et sert de repère aux autorités, aux politiques et aux centres de conseil.

À l’origine, la définition est la suivante : « L’antisémitisme est une certaine perception des juifs, pouvant s’exprimer par de la haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme sont dirigées contre des individus juifs ou non-juifs et/ou leurs biens, contre les institutions de la communauté juive et contre les institutions religieuses juives. » Le passage se référant à l’État d’Israël est sujet à controverse : « En outre, l’État d’Israël, perçu comme une collectivité juive, peut aussi être la cible de ces attaques. » Dans sa version la plus récente, ce passage est complété comme suit : « Toutefois, les critiques à l’égard d’Israël comparables à celles exprimées à l’encontre d’autres pays ne peuvent être qualifiée d’antisémites. »

Au-delà des critiques concernant la partie relative à Israël, cette définition se révèle un outil précieux pour ceux qui, dans leur travail quotidien, effectuent un travail de catégorisation. Pourtant, il est vain de toujours remettre ce débat sur la table. On ne peut s’empêcher de penser que ce besoin constant de nouvelles définitions pourrait n’être qu’un subterfuge destiné à minimiser l’impact de l’antisémitisme.