Résumé de l’article
«Antisemitismus und verbale Gewalt. Kognitive und emotionale Merkmale aktueller Judenfeindschaft» (allemand)
Auteure
Chercheuse en antisémitisme à l’Université technique de Berlin, Monika Schwarz-Friesel dirige depuis 2014 un projet sur l’antisémitisme verbal sur Internet de la Deutsche Forschungsgemeinschaft. schwarzfriesel@gmail.com
La recherche empirique sur l’antisémitisme le montre : ce dernier reste un problème de société, malgré tout le travail d’information et de sensibilisation mené à la suite de l’Holocauste, et prend même de l’importance depuis quelques années au niveau mondial. On observe par ailleurs une désinhibition générale par rapport aux propos antisémites.
Pour la société, le principal danger ne réside pas dans l’antisémitisme grossier des extrémistes de droite comme de gauche car ce dernier reste honni, monitoré, sanctionné. Non, la menace vient bien plus de l’antisémitisme de tous les jours, l’antisémitisme du centre, qui prend la forme d’un « anti-israélisme » extrême, sous des dehors de « critique politique ». Cette « israélisation de la sémantique antisémite » suit le schéma évolutif classique de la haine des juifs, laquelle s’adapte depuis des siècles en fonction du contexte sociopolitique. 70 ans après l’horreur de la Shoah, l’éternel concept du « mauvais juif » perdure de manière quasi inchangée et les mêmes sentiments négatifs sont activés, seule la « façade » a changé.
Les structures langagières reflètent l’activité cognitive et émotionnelle de leurs utilisateurs. Elles permettent de tirer des conclusions sur les représentations mentales (autrement impossibles à observer) et ouvrent une fenêtre sur l’esprit et les sentiments des gens. Les principales caractéristiques de l’antisémitisme verbal sont : la distorsion de la réalité, l’exclusion, la définition des juifs par des stéréotypes figés, et la dévalorisation.