TANGRAM 33

Le Conseil de la diaspora africaine de Suisse

Auteure

Celeste Ugochukwu est licencié en droit de l’Université de Fribourg et président du Conseil de la diaspora africaine de Suisse. Il est membre de la Commission fédérale contre le racisme CFR.
cugochukwu@yahoo.com

Le Conseil de la diaspora africaine de Suisse CDAS est né suite à la mort tragique d’un jeune Nigérian à l’aéroport de Zurich lors d’une expulsion forcée en 2010. Le CDAS s’est constitué pour soutenir l’intégration des migrants africains, pour lutter contre le racisme anti-Noirs et pour agir dans les pays d’origine des migrants.

L’idée du Conseil de la diaspora africaine de Suisse CDAS est ancienne. En effet, quelques efforts avaient déjà été entrepris par le passé pour créer une plateforme nationale avec l’objectif de réunir l’ensemble de la société civile africaine en Suisse. L’événement déclencheur fut la mort d’un jeune Nigérian lors d’une expulsion forcée à l’aéroport de Zurich en 2010. L’événement fut si violent qu’il déclencha un débat politique très médiatisé. Notamment un débat sur Infrarouge (TSR)1 auquel prirent part l’ancien directeur de l’Office fédéral des migrations ODM, monsieur Alain Dubois-Reymond et moi-même, alors président de l’Association des Nigérians en Suisse NIDO Suisse. Lors de ce débat, j’ai exprimé la nécessité de voir plus d’efforts dans le domaine de l’intégration des migrants en Suisse, surtout l’intégration des Africains qui sont plus visibles et plus exposés à cause de leur couleur de peau. Monsieur Dubois-Reymond a alors réitéré la volonté de l’ODM de soutenir tous les efforts d’intégration des migrants en Suisse et il a ajouté qu’il souhaitait voir une meilleure organisation des communautés de migrants en Suisse. Suite à ces événements, un projet de campagne nationale pour l’amélioration de l’image des Noirs en Suisse, suivi de la création d’une plateforme nationale, a été développé. Après les premières consultations et rencontres, il a été décidé de constituer d’abord une structure nationale représentative et faisant le lien entre les migrants africains, la population locale et les institutions publiques. Ainsi des pourparlers et consultations ont été initiés au sein du Forum pour l’intégration des migrantes et des migrants FIMM Suisse avec des associations de la diaspora africaine, qui ont abouti en automne 2010 à l’assemblée constitutive du Conseil de la diaspora africaine de Suisse à Berne, le 6 novembre 2010, avec l’élection d’un Bureau provisoire.

Vision

Les statiques officielles estiment le nombre d’Africains résidant légalement en Suisse à environs 60 000. Selon le CDAS, ce chiffre dépasse les 100 000 personnes si l’on compte les Africains naturalisés et les requérants d’asile. Le manque de statistiques fiables souligne déjà le besoin d’un travail approfondi au sein des communautés africaines en Suisse.

Le Conseil de la diaspora africaine vise à établir un lien avec la société civile africaine de Suisse afin de donner une voix au niveau national à ces communautés souvent sous-représentées sur la scène nationale suisse.

La politique et la presse suisse se penche souvent sur les aspects négatifs de la diaspora africaine de Suisse, c’est pourquoi le Conseil s’est donné aussi pour objectif de mettre en lumière les diverses contributions socioéconomiques et politiques de la diaspora africaine dans la société suisse.

Le Conseil est construit sur deux volets : l’intégration des Africains en Suisse et le développement de l’Afrique.

Intégration et mise en réseau

En ce qui concerne l’intégration, le CDAS s’est donné comme but de construire un réseau de communication intracommunautés. Le manque d’information à l’intérieur de ces communautés empêche un effort réel de collaboration et d’entente sur la cohésion sociale.

Pour améliorer la communication, le CDAS s’est donné pour tâche d’établir une base de données des établissements africains et des personnalités africaines en Suisse. C’est le but principal du SwissTour2, premier projet du CDAS (2011-2013), qui recense notamment les associations, commerces, centres de rencontres, maisons religieuses (églises et mosquées), les autorités cantonales chargées de l’intégration, les ambassades et missions diplomatiques africaines ainsi que des personnalités africaines en Suisse. Le SwissTour tend aussi à récolter des informations sur les contributions des Africains dans le domaine de l’intégration ainsi que sur les difficultés qu’ils rencontrent. Afin de mieux achever ses objectifs, le Conseil s’est structuré en sept commissions couvrant, avec les délégués cantonaux, des domaines divers de l’intégration : 1) Droit et politique, 2) Information et communication, 3) Médiation et résolution des conflits, 4) Education et renforcement de capacités, 5) Santé, jeunesse et sports, 6) Femmes et culture, 7) Finances et économie.

Cohésion sociale et lutte contre le racisme

Il ressort du résultat du SwissTour que l’une des difficultés les plus courantes est la discrimination et le racisme ressentis par un grand nombre d’Africains tant dans des établissements privés que publics , notamment lors des recherches d’emploi, d’appartements, des contrôles aux faciès, etc. Ces phénomènes provoquent un sentiment d’exclusion et causent un véritable blocage à l’épanouissement humain et à une cohabitation cohésive.

Afin de lutter contre ces injustices, le Conseil s’est concentré lors de la deuxième phase du SwissTour sur le travail de médiation. Cela comprend, entre autres, des rencontres d’informations sur les possibilités de formations et de métiers pour améliorer les chances d’accès au marché de l’emploi. Des acteurs de l’économie privée et publique y sont invités dans le but de renforcer la confiance et la solidarité. Par la même occasion, le Conseil renforce son service de médiation et de résolution de conflits ainsi que le soutien juridique pour venir en aide aux victimes de discriminations et de racisme. Nous favorisons ainsi le chemin du dialogue et de la médiation plutôt que des confrontations afin de rétablir la cohésion sociale et un meilleur vivre ensemble dans notre société. Notre service de médiation et de résolution de conflits est ouvert à tous.

Collaboration avec les pays d’origine

En ce qui concerne l’Afrique, ce deuxième volet est destiné à unifier tous les efforts privés de la diaspora africaine en faveur de l’Afrique. Une priorité est fixée dans les domaines de la santé, l’éducation, l’agriculture, la paix et la sécurité humaine. Ce domaine est en train de se développer.

Plus d’infos :
www.africancouncil.ch, contact@africancouncil.ch,
+41 79 476 74 83

1 http://www.infrarouge.ch/ir/1720-asile-suisse-trop-
attractive

2 Le SwissTour est soutenu par la Loterie romande et l’ODM.