TANGRAM 42

Défendre la thématique du racisme sur le terrain. Intégration et prévention du racisme : deux axes complémentaires et transversaux

Auteure

Nicole Bart, déléguée à l’intégration du canton du Jura
nicole.bart@jura.ch

Comment défendez-vous la thématique du racisme dans votre canton ?

Lors de la création du Bureau de l’intégration (BI) en 2002, rattaché au Service de la population, le Gouvernement jurassien s’est d’emblée déterminé sur la nécessité de traiter conjointement les deux domaines que sont l’intégration et les discriminations. Il a choisi de le nommer Bureau de l’intégration des étrangers et de la lutte contre le racisme. Parallèlement, notre canton s’est doté d’une ordonnance regroupant également ces deux domaines d’actions. Cette double référence a contribué à légitimer la thématique du racisme bien avant la mise en œuvre des Programmes d’intégration cantonaux (PIC) en 2014. Par ailleurs, nous avons la chance de pouvoir compter sur un soutien politique du Gouvernement jurassien et de la Cheffe du Département de l’intérieur en particulier. Considérant que le racisme constitue un frein à l’intégration des étrangers, nous défendons le principe que ces deux domaines se complètent et sont transversaux.

Utilisez-vous le terme « racisme » dans votre matériel, communication etc. ?

Nous employons le mot « racisme » sur nos supports papier et électroniques, car celui-ci fait référence à la norme pénale contre la discrimination raciale. Il s’agit du volet plus répressif qu’il est nécessaire de rappeler. Depuis 2009, nous organisons chaque année au mois de mars une Semaine d’actions contre le racisme (SACR), et c’est en ces termes que nous communiquons avec les médias. Il est toutefois utile de relever que l’intitulé figurant dans le PIC est « Protection contre la discrimination » et non « contre le racisme ». C’est un choix qui nous convient, car il nous laisse une grande latitude. Nous avons par exemple fait le constat que les jeunes sont souvent plus réceptifs et concernés lorsque l’on intervient sous l’angle des discriminations plutôt que sous celui du racisme. Il s’agit d’une approche moins frontale et non culpabilisante, invitant différents publics à s’interroger sur leur propre appréhension de la discrimination.

Qu’est-ce qui a changé avec le PIC dans la thématisation du racisme dans votre canton ?

Les autorités fédérales et cantonales ont donné un signal fort en décidant de l’intégrer au PIC comme domaine à part entière. Cela a permis de développer une stratégie pérenne et cohérente avec les autres domaines et d’ancrer un certain nombre de mesures. La mise en œuvre du PIC a permis de renforcer les actions préexistantes et a été l’occasion de créer une antenne de consultation pour les victimes et témoins de discriminations. Nous tenons par ailleurs à remercier de leur précieux soutien nos deux partenaires fédéraux, le Service de lutte contre le racisme et la Commission fédérale contre le racisme.

Quelle est votre clientèle ?

Avec nos actions de sensibilisation et de manifestations ciblées, nous atteignons la population jurassienne – autochtone et étrangère – ainsi que les publics concernés. Il s’agit des jeunes (écoliers, étudiants et apprentis), des professionnels, par l’intermédiaire de formations, et du grand public, par le biais de manifestations ouvertes à tous. Quant aux personnes se sentant discriminées, elles peuvent bénéficier du soutien de l’antenne de consultation.