TANGRAM 42

Le racisme est un rapport de force social

Résumé de l’article
«Wer dazu gehört – und wer nicht. Rassismus als gesellschaftliches Machtverhältnis» (allemand)

Auteure

Iman Attia est professeure à la Haute école Alice Salomon à Berlin.
attia@ash-berlin.eu

« Si on est bien intégré, on n’est pas discriminé. » Cette affirmation, pourtant courante, est en flagrante contradiction avec le fait que le racisme est un facteur d’aliénation, quel que soit le niveau d’intégration des personnes qui en sont victimes. Dans son article, Iman Attia démontre que le racisme n’est pas un préjugé, mais une construction sociale, et qu’il constitue l’un des nombreux rapports de force qui sont à l’œuvre dans les sociétés modernes et conditionnent leur fonctionnement. Ces rapports de force sociaux sont liés les uns aux autres et interagissent entre eux de multiples façons. Outre le racisme, d’autres rapports de force sont constitutifs des sociétés occidentales modernes, et sont liés au genre, à la classe sociale ou à l’âge. Aucun d’entre eux ne subsiste sans les autres, ne déploie ses effets sans l’aide des autres ni ne se manifeste de façon linéaire, prévisible ou immuable. Le racisme n’est pas seulement intrinsèquement lié aux autres rapports de force qui constituent la société, mais il comporte aussi plusieurs dimensions complexes. La manière dont la nationalité, l’ethnie, la culture et la religion s’articulent et interagissent dépend fortement du contexte historique. Le problème réside dans les amalgames que l’argumentation raciste opère entre ces différents facteurs, qui entretiennent les stéréotypes et ont des répercussions négatives concrètes sur le quotidien des personnes ou des catégories visées. Le rejet de l’autre naît d’une différence de traitement induite par l’amalgame de stéréotypes liés au genre, à la sexualité, à la classe sociale, à l’âge, etc. Corollaire logique, les spécificités individuelles, l’histoire personnelle, mais aussi les différences sociales et culturelles sont gommées ou, du moins, minimisées. Pour analyser correctement le racisme, il s’agit de tenir compte tant des différences que des différences de traitement, et d’examiner les rapports de force qu’elles créent, la façon dont elles interagissent et leur impact. Seule cette analyse exhaustive permet d’embrasser la complexité du cadre de vie des personnes touchées par le racisme et de mettre en évidence les inégalités structurelles, discursives et sociales.