Antoinette de Weck est conseillère communale fribourgeoise (vice syndique) en charge des Ecoles et députée au Grand Conseil Fribourgeois. Elle est également membre de la Commission cantonale pour la scolarisation et l’intégration des enfants migrants et de la Commission parlementaire du Grand Conseil traitant de la loi scolaire.
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Quel est le rôle de l’école dans l’intégration de familles issues de la migration ? Entretien avec la conseillère communale fribourgeoise et vice-syndique Antoinette de Weck, en charge du dicastère des Ecole
Quel est le rôle d’une commune dans le processus d’intégration scolaire des jeunes migrants ?
La loi scolaire fribourgeoise ne donne pas aux communes la tâche spécifique de participer à l’insertion scolaire des jeunes migrants. Il revient à l’école d’assurer la mission globale de formation et de socialisation ainsi que d’assurer l’acquisition des connaissances et des compétences fondamentales définies par les plans d’études.
Les communes doivent veiller à ce que chaque enfant reçoive l’enseignement obligatoire. Elles ont comme tâche essentielle de mettre à disposition les locaux et les installations scolaires. Toutefois, une commune comme Fribourg qui compte plus de 35 % d’étrangers – cette proportion s’élevant jusqu’à 60 % dans certains quartiers – ne pouvait pas rester les bras croisés face aux difficultés que rencontrent les parents migrants lors de la rentrée scolaire de leur enfant. La responsabilité de la commune est d’assurer que les migrants obtiennent toutes les informations pour s’intégrer et intégrer leur enfant. Dans ce but, la Ville a mis sur pied le Service de Contact École-Parents migrants (SCEPM). Pionnière, la Ville de Fribourg continuera à s’impliquer dans l’intégration scolaire des enfants migrants. Cette condition est indispensable pour assurer la cohésion sociale et éviter la création de ghettos.
Quel est l’impact des migrations dans les écoles de la ville de Fribourg ?
Jusqu’au début des années 2000, la ville de Fribourg connaissait une décroissance démographique. Depuis, essentiellement en raison de l’immigration, le mouvement s’est inversé et même très fortement, puisque depuis 2001, la population a augmenté de plus de 8.000 habitants. Il en résulte que les infrastructures scolaires sont insuffisantes ; la Ville a dû investir massivement dans la construction de nouvelles infrastructures scolaires. Pour soulager les enseignants qui voient leurs tâches se complexifier en raison d’une proportion grandissante d’enfants migrants, la Ville prend six classes entièrement à sa charge. Cela permet de réduire l’effectif des classes qui connaissent des difficultés.
Quel rôle devrait jouer l’école dans l’intégration des jeunes migrants ?
L’école est le principal moyen d’intégration, car en insérant les enfants dans notre société, on touche aussi les parents. La Ville l’a bien compris et l’administration scolaire incite les parents migrants qui viennent inscrire leur enfant à prendre contact avec le responsable du SCEPM. En outre, en Suisse, grâce à notre système scolaire public très performant, l’école assure l’égalité des chances. Je suis toujours impressionnée de voir à la remise des certificats à la fin de la scolarité obligatoire que parmi les cinq meilleurs élèves, deux ou trois sont d’origine étrangère.
Propos recueillis par Sylvie Jacquat, responsable de rédaction du bulletin TANGRAM à la CFR
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