Résumé de l’article
«Widersprüchliche Realität» (allemand)
Auteur
Michael Bischof est le responsable suppléant du Service de promotion de l’intégration de la Ville de Zurich.
michael.bischof@zuerich.ch
Promouvoir l’intégration, c’est aussi lutter contre la discrimination. En théorie, voilà qui paraît logique. En pratique, la question s’avère plus complexe ; travail d’intégration et lutte contre la discrimination peuvent en effet se révéler contradictoires. L’un des grands défis consiste à coordonner la politique de l’intégration et la politique migratoire. Les structures dites ordinaires, comme par exemple les services de l’état civil, se retrouvent ainsi parfois dans des situations conflictuelles à l’interface entre la politique d’intégration et l’ouverture aux autres cultures que celle-ci encourage, d’une part, et la politique migratoire synonyme de contrôles, d’autre part. Les services chargés de l’intégration ne sont pas en reste et doivent eux aussi faire face à cette asymétrie dans leur travail quotidien. Les différentes institutions doivent se demander dans quels cas il s’agit effectivement de promouvoir l’intégration et dans lesquels il s’agit plutôt de forcer à l’assimilation. Le travail d’intégration doit toujours prendre en compte les aspects de discrimination – notamment lorsque l’intégration devient justement un critère pour sanctionner.
Pour que la lutte contre la discrimination soit intégrative, il faut en outre qu’elle tienne compte de la perspective des personnes discriminées. Or c’est justement ce point qui se heurte à une résistance colossale dans la pratique. Faire d’une expérience discriminatoire une affaire privée et subjective est contraire à l’intégration. Le pragmatisme, parfaitement efficace, de nombreux services d’intégration consiste à vendre la lutte contre la discrimination aux structures ordinaires avec des termes à connotation positive comme « tolérance », « diversité », « ouverture aux autres cultures » ou encore « orientation clients ». Mais si l’on n’accepte pas d’appeler un chat un chat et de parler vraiment de discrimination, alors la discrimination restera la grande absente du travail d’intégration.